Epée et Bourdon
Bataille de Malemort


L'Epée et le Bourdon est un rassemblement historique dédié au XIIe siècle présentant des reconstitutions tant civiles que militaires.

Le contexte historique se situe durant l'année 1177. Au mois d'avril de cette année-là, les troupes mercenaires brabançonnes qui pillaient la région depuis plusieurs mois furent défaites à la bataille de Malemort par une coalition de seigneurs et d'ecclésiastiques limousins.
Malgré de lourdes pertes, les lambeaux de l'armée brabançonne se sont repliés au sud du Limousin, en limite du Quercy. Profitant du gué de Gluges qui permettait de franchir la Dordogne pour se rendre à Rocamadour, ces mercenaires livrés à eux-mêmes rançonnaient les pèlerins.
Pour mettre un terme à ces exactions, le vicomte de Turenne dont dépendait ce territoire, envoya une troupe.

Historia Aquitanorum et le Grenier de la Mémoire vous convient à revivre les différentes facettes de cet événement : le pèlerinage à pieds vers Rocamadour, les combats des troupes vicomtales contre les mercenaires, la vie quotidienne au XIIe siècle autour d'un camp (activités artisanales, cuisine, jeux, entraînements...). Pour en savoir plus, veuillez consulter le site : l'Epée et le Bourdon.

De nos jours, le sanctuaire de Rocamadour attire toujours des pèlerins. Qu’en était-il au 12ème siècle ?

Replaçons nous dans le contexte médiéval. Comment définir le pèlerinage ?
Initialement, le mot « pèlerin » désigne seulement un voyageur, un étranger. Mais à partir de l’an Mil, il concerne un voyage spirituel vers un sanctuaire.
Le pèlerinage n’est pas spécifiquement chrétien, il existe dans de nombreuses religions. Mais comme le début du Moyen Age est marqué par la multiplication des reliques (objets liés aux saints ou au Christ, ou tout ou partie de leurs corps) la Chrétienté développa des lieux de pèlerinage. A proximité des reliques, toute sorte de miracles pouvaient se produire.

Les pèlerins partent le plus souvent à pied, mais ils peuvent aussi avoir une monture pour eux et/ou pour leurs bagages.
Ils possèdent deux éléments indispensables : le bourdon bâton ferré qui aide à la marche et à se défendre, et la besace qui contient de maigres provisions. Le bourdon et la besace sont bénis avant le départ. Le texte du sermon « Veneranda Dies » de la Légende de Compostelle (12ème siècle) nous renseigne sur cette cérémonie.
Par contre le pèlerin du 12ème siècle ne se distingue pas encore par ses vêtements. Il est habillé dans ses vêtements du quotidien, en s’adaptant à la température et aux intempéries.

Pourquoi invoquer la Vierge de Rocamadour ?
Contrairement à d’autres sanctuaires de pèlerinage on ne connaît pas en détail les origines anciennes de Rocamadour. Les premières mentions apparaissent au début du 12ème siècle. Une source importante est le « Livre des Miracles de Rocamadour », qui offre une formidable publicité au sanctuaire et fait un état des lieux des années précédant 1172.

La Vierge de Rocamadour peut être invoquée pour porter secours aux personnes en danger (accident, naufrage, noyade, incendie, blessure de guerre). Elle guérit aussi les malades, et elle délivre les prisonniers innocents. Elle protège les biens des pèlerins et son sanctuaire.
Au moyen âge, chaque malheur est attribué à un péché, commis consciemment ou non. Le pécheur doit donc obtenir son pardon auprès de Dieu ; et dans ce cas par l’intercession de la Vierge. Le miracle intervient alors avant, pendant ou après le voyage à Rocamadour.

Comment être un bon pèlerin ?
Durant tout son voyage et sur place, le pèlerin prie et assiste à la messe, fait des aumônes et essaie d’avoir une vie sans péché. Le pèlerin apporte souvent à Rocamadour une offrande et/ou une preuve du miracle : essentiellement de la cire, mais aussi des chaînes de prisonnier, un objets précieux ou un ex-voto représentant la maladie.
Il rapporte du pèlerinage une preuve, une insigne la sportelle, elle est en plomb et représente le sceau de Rocamadour.

Le « Livre des Miracles de Rocamadour », nous indique que le sanctuaire est déjà renommé au 12ème siècle et que les pélerins qui s'y rendent viennent de toute la France et de l’Europe Occidentale. L’apogée de Rocamadour viendra au 13ème siècle avant de connaître un déclin à partir du 16ème siècle, à cause des guerres de religions.
La popularité du pèlerinage a entraîné un fort développement du sanctuaire, une multiplication des églises, mais aussi une croissance économique et commerciale. Il fallait accueillir tous ces pèlerins qui affluaient en masse, en les restaurant, les habillant, les logeant et en leur proposant des souvenirs à ramener. Bien sur, cet afflux de personnes ne pouvaient que favoriser les arnaques à l'encontre des pèlerins, comme cela est souligné dans le « Veneranda Dies ».

Les critiques contre le pèlerinage
Le pèlerinage est un phénomène majeur au 12ème siècle et est déjà une tradition bien ancrée. Selon le mérite de chacun , la sincérité de ses prières, son humilité, et sa compassion envers les autres, le vœu peut être exaucé. Cependant il y a quelques voix qui s’élèvent au cours du 12ème siècle apportant des arguments contre le pèlerinage.
En effet, la multiplication des reliques, conduisant à avoir plusieurs reliques d'un même individu, commence à soulever des questions. Laquelle est la vraie relique ?
Aussi, l’idéal de la foi n’est pas le même pour tous. Certains religieux pensent que la vrai foi n’a pas besoin d’une démonstration bruyante auprès d’une relique, mais qu’elle est dans la contemplation de l’œuvre de Dieu et dans l’étude de sa Parole.
Enfin d’autres ecclésiastiques pensent que les puissants ne doivent pas échapper à leurs responsabilités en courant le monde comme des gueux. Ils doivent assumer les devoirs de leur position.

Ces voix caractérisent un autre courant de pensée qui reste toutefois dans le giron de l’Eglise. Mais d’autres vont dénoncer bien plus que les pèlerinages et on les qualifiera d’hérétiques : les Cathares. Ainsi, pendant qu’un moine consignait à Rocamadour les miracles de Notre Dame (1172), d’autres les « Bons Hommes » pas si loin de là, à Saint Félix de Caraman organisaient une autre Eglise (1167).

 

 

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